• VOUS AVEZ DIT JUSTICE ?

    Hollande, l’artisan du déclin dans la justice, nous promet une république exemplaire.
    Le déclin nous l’avons mais à quand la justice ?
    Les médias nous parlent de sujets brûlants : injustices sociales, corruption des ministres, etc. et notre président promet que ça va changer.
    Je fais confiance à la majorité qui le soutient pour s’allier à l’opposition et aux syndicats pour édulcorer les réformes qu’ils ne pourront pas faire capoter.
    Je m’explique.

     

     D’où vient-on ? La justice à deux vitesses ne date pas d’aujourd’hui. 

    On avait souri quand on a su que Chirac prenait 4000 euros par jour à la mairie de Paris pour se gaver de tête de veau. Après tout, il ne devait pas être le seul politique dont les notes de frais manquaient de créativité.

    On ne savait pas que Mitterrand exigeait que la république loge et nourrisse sa deuxième famille qui, heureusement, ne se gavait pas que d’ortolans ! Et quand on l’a finalement appris on n’a rien dit peut-être parce qu’il était bigame mais catholique.

    On n’a pas été surpris quand le pauvre Bérégovoy a trouvé chez lui une collection de livres rares pour rembourser les 500 mille francs prêtés par un ami de Mitterrand. Et on n’a pas pensé que ce prêt sans intérêt pouvait avoir influencé ce ministre dans les magouilles boursières qu’il avait orchestrées (Péchiney, Société Générale).

    On a trouvé normal que jusqu’en 1999, Matignon et l’Elysée disposent d’une caisse noire remplie de millions afin de pouvoir exécuter leurs basses œuvres sans rendre de compte à quiconque. Comme je n’en ai pas la preuve, je ne dirai pas qu’une partie du fric alimentait des comptes qui sont tous en Suisse.

    Mais il était de notoriété publique que les hauts fonctionnaires recevaient des primes au noir, en espèces, afin de les soustraire à l’impôt. Si on n’a rien dit c’est peut-être qu’on trouvait normal que l’État soit le plus grand fraudeur de France.

    D’ailleurs si l’État n’a pas limité ces paiements au noir à la fonction publique, on nous dit que c’est pour la bonne cause qu’il distribue --toujours au noir-- nos impôts à la pègre pour lui soutirer des renseignements. L’État met donc les hauts fonctionnaires et la pègre dans le même sac des privilégiés face à l’impôt. Si la fonction régalienne de police ne saurait être accomplie par l’État seul, sans le soutien de la pègre, alors il est juste que ce service soit rémunéré, mais au noir ? Mais comment justifier les dessous de tables dont bénéficient les hauts fonctionnaires ?

    Finalement on a fait un nettoyage homéopathique pour que le bon peuple croit que seule la pègre bénéficie désormais de ces paiements au noir alors que ce mensonge permet aux députés et sénateurs de continuer à recevoir --toujours au noir-- pas loin de 200 000 € chacun, chaque année.

    On voit donc que Hollande n’a pas hérité d’une république exemplaire comme le montre ce qui précède. Il faut se souvenir de ces pratiques afin de mieux comprendre les affaires médiatisées aujourd’hui et la tâche qui attendrait un gouvernement qui se voudrait exemplaire.

    Mais, puisque l’État continue de payer au noir les parlementaires, comment la majorité qui nous gouverne ose-t-elle parler d’honnêteté, de justice et d’égalité devant l’impôt chaque fois qu’elle nous assène une nouvelle taxe ?

    Tous ceux qui soutiennent ce système –président, premier ministre, ministres, députés, sénateurs, etc. -- nous trompent quand ils se drapent d’une vertu inexistante. Double langage malhonnête, incapacité ou naïveté chacun croit ce qu’il veut.

     

    Aujourd’hui, il y a l’actualité des affaires. 

    L’affaire Tapie/Crédit Lyonnais commence avec les folles dérives du Crédit Lyonnais du temps de Bérégovoy. La faillite a été évitée parce que l’impôt a bouché un trou 130 milliards de francs (20 milliards d’euros !) et, à l’époque, personne n’a dénoncé ce sauvetage qui a bien plus coûté au contribuable que l’affaire Tapie.

    L’affaire Cahuzac nous incite à croire que l’exception ne doit pas nous entraîner dans une généralisation qui n’aurait pas lieu d’être. Pourtant si, comme cela vient d’être révélé, 15 ministres et ex-ministres ont un compte dans la même banque que Cahuzac, je suis prêt à parier toute ma fortune que nombre de députés, sénateurs et ministres actuels ont aussi des comptes non déclarés dans l’une ou l’autre des 311 autres banques suisses. Pour les comptes dans les autres paradis fiscaux, les paris sont également ouverts.
    Au vu du patrimoine extrêmement modeste déclaré par Moscovici, comment ne pas imaginer que, comme beaucoup d’autres ministres soumis à cet exercice de transparence patrimoniale, il n’a déclaré que ce qu’on peut aisément vérifier ?

    L’affaire Bettencourt soulève un problème qui m’intrigue mais dont on ne parle pas. Cette femme --la plus riche du monde-- disposait jusqu’en 2012 d’un siège au conseil d’administration de l’Oréal et de 71,66% des droits de vote aux assemblées de cette société. Personne n’avait donc une minorité de blocage pour s’opposer à ses décisions.
    Au court de son seul entretien avec Mme Bettencourt (de 20 minutes en 2011), le médecin légiste (i.e., spécialiste des morts) choisi par les juges pour évaluer ses capacités mentales (alors qu’elle bougeait encore) avait pourtant établi au-delà du doute possible, que Liliane Bettencourt était en état de faiblesse et que cet état existait forcément depuis 2008.
    Alors comment se fait-il que les juges soient restés indifférents au fait que les décisions et les votes de cette femme en état de faiblesse, ont certainement été influencés sinon manipulés par son entourage (dont le PDG de L’Oréal) et que, de ce fait, nombreux petits actionnaires de L’Oréal ont pu être spoliés.
    Si l’action des juges devait révéler toutes les conséquences de cet état de faiblesse alors ils n’auraient pas dû limiter leurs investigations aux relations privées des Bettencourt mais s’intéresser aussi à leurs décisions chez L’Oréal depuis 2008 !

    Le parachute doré des députés ne fait plus la une des journaux et Hollande qui n’avait pas voté contre lorsque Sarkozy avait proposé ce scandaleux système, ne parle pas d’une justice qui serait assez radicale pour le supprimer. Pour notre président et nos élus, il est donc normal qu’un député ne se contente pas d’être payé grassement et au noir pendant sa mandature. Il faut que le député sortant qui n’est pas réélu continue de toucher son indemnité parlementaire pendant 5 ans ! Certes, il ne touchera plus 17 000 € par mois au noir, mais quand même. Sarkozy avait constaté que, kinkénat et alternance aidant, un député était souvent battu par le candidat de l’opposition qu’il battait lui-même 5 ans après. Ainsi, il avait conçu ce scandaleux système afin que battu ou non, les députés continuent de percevoir à vie leurs indemnités. Hollande qui s’est empressé de défaire toutes les bonnes réformes de son prédécesseur, ne semble pas trouver ce parachute doré assez injuste pour tenter de le supprimer.
    Pour une fois je pense comme lui ! Dans une démocratie comme la notre où les députés de la majorité sont des godillots et les députés de l’opposition sont impuissants, je pense que leur seule justification c’est les indemnités au noir et le cumul des mandats. Donc les députés élus sont aussi inutiles à la nation que ceux qui sont battus. Partant de ce constat, on peut comprendre que l’indemnité du député battu soit la même que celle de son successeur.

    Le scandale des retraites alimente la chronique et notre président annonce qu’on va finalement rétablir la justice. Au risque qu’ils ne votent plus socialistes, il annonce que la retraite des fonctionnaires sera alignée sur celle du privé. Un alignement très approximatif puisque on ne parle que (i) de prendre la moyenne des 10 dernières années de salaire (contre 25 ans dans le privé) et (ii) pour maintenir les mêmes droits (80% du salaire de référence contre 60% dans le privé)  ils continueront de cotiser beaucoup moins.
    On applaudirait si Hollande avait inclus dans son discours de réforme (eh oui, il ne s’agit que d’un discours de plus) les régimes spéciaux ! Mais nenni ! Les régimes spéciaux continueront de bénéficier de départs précoces justifiés par la pé-ni-bi-li-té induite par leur activité réduite dans des bureaux déprimants. Quant aux parlementaires qui ne se plaignent pas d’une activité réduite dans les ors de la république car cela leur permet de maintenir un emploi, ils continueront de bénéficier d’une retraite hors norme car jamais Hollande n’aura une majorité pour forcer nos élus à ne plus se soustraire au droit commun.

     

    Alors la suite ? 

    Comme j’ai beaucoup réfléchi à la question, je pense pouvoir donner quelques pointeurs à Hollande qui, me semble-t-il, n’a pas de boite à outils pour réparer les injustices en question.
    Donc voici ce que le président d’une république exemplaire devrait faire :

    1.       Lancer un référendum sur la réforme du statut et de la rémunération des élus. Seul le peuple peut décider de rétablir le droit commun en matière de rémunération, de retraite et d’avantages divers des élus. Sinon seuls les élus honnêtes voteraient en faveur de ces changements et cette minorité ridicule ne ferait qu’exacerber la hargne et la grogne des français.

    2.       Lancer un référendum sur la réforme des retraites car seul le peuple peut décider de ce qui est juste sans mettre le feu aux poudres. Sinon les bénéficiaires des injustices actuelles seront dans la rue et le pays sera paralysé ! En effet, quand les syndicats s’opposent à l’État, le rapport de force est toujours en leur faveur et le gouvernement cède toujours pour acheter la paix sociale (avec l’argent des contribuables qui ne sont pas syndiqués bien sûr) et au lieu d’une avancée on a toujours un recul !

    3.       Arrêter de monter en épingle les autres affaires car cela ne réussira jamais à nous cacher que rien n’est vraiment fait sur les deux points précédents ni que les chiffres du chômage continueront de narguer les naïfs qui vous croient quand vous dites que le chômage fin 2013 sera miraculeusement inférieur à ce qu’il était fin 2012.

    Et si vous ne pensez pas pouvoir ou vouloir faire cela, je vous suggère une autre solution : démissionnez et aidez-nous à élire un nouveau président lucide qui ne fera pas de promesses en l’air mais qui peut-être agira !

     


    Tags Tags : , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :