• TRUMP, pense ATOUT !

    Plusieurs de mes proches que les analyses des journalistes n’ont pas convaincus me demandent de leur dire pourquoi K.HARRIS n’a pas été assez charismatique pour devenir la première femme présidente des USA.

    Ne souhaitant pas répéter trop souvent la même chose je dis ici ce que je pense par rapport aux interrogations qui m’ont été faites. Sans boule de cristal ni trop d’opinions personnelles affichées, je vous livre donc ce constat personnel . . .

     

     

    Nature de ce suffrage.

    Le président est élu par 538 délégués choisis par les électeurs dans chaque état. Chacun des 50 états dispose d’un certain nombre de délégués selon certains critères liés à sa taille.

    Ce système critiqué en France est pourtant bien connu chez nous. Le président français n’est élu au suffrage universel direct que depuis 1961. Avant c’était les grands électeurs (sénateurs, maires …) qui choisissaient notre président, De Gaulle ayant été le dernier ainsi élu.
    Aujourd’hui encore, nos sénateurs sont choisis selon ce mode de scrutin.

    Mais la France n’est pas les USA et la comparer avec un des états américains me parait plus pertinent. Les gouverneurs des états comme le président français, sont élus au suffrage universel.

    Par contre les USA et l’UE sont des entités politiques relativement comparables mais si le président américain est élu par le peuple, au suffrage universel indirect, il n’en est pas de même pour l’exécutif à Bruxelles qui est choisi dans des tractations peu démocratiques entre les plus puissants pays (je veux Van Der Leyen dit Sholtz à Macron et je te laisse le commissaire chargé de l’économie).

    Ce choix est ratifié par le parlement mais personne ne peut y opposer une alternative.

    De mon point de vue, la vraie démocratie est aux USA. L’UE n’en est pas une. Ce qui ne signifie pas bien sûr, que les américains vont voter pour élire un démocrate répondant aux critères démocratiques des observateurs que nous sommes.

    Le président élu entre en fonction deux mois et demi après avoir été choisi.

    Entre temps, il constitue ses équipes, étudie les dossiers avec l’administration sortante et prépare son discours d’investiture qui décrit la politique qu’il mettra en œuvre si les deux chambres soutiennent son projet.
    Alors qu'en France le président élu entre immédiatement en fonction et le président sortant lui accorde quelques minutes pour les questions liées à la force de frappe nucléaire. Les nouveaux ministres prennent le relais dans des conditions bien moins favorables qu’aux USA, pourtant la vraie démocratie c’est nous, pas eux.

    Les forces électorales qui s’affrontent.

    Il y a aux USA environ 40% de républicains irréductibles qui votent pour le candidat de leur parti quel qu’il soit.

    Il y a aussi aux USA environ 40% de démocrates irréductibles qui votent pour le candidat du parti quel qu’il soit.

    De ce fait la carte électorale se divise en deux groupes :

    • L’ensemble des états où le nombre de délégués choisis pour élire le candidat républicain est quasiment le même que celui des délégués votant pour le candidat démocrate.
    • Les quelques états où le résultat est incertain et peut faire pencher le total des délégués dans un sens ou dans l’autre. Il s’agit essentiellement de 6 états : Géorgie, Pennsylvanie, Wisconsin, Michigan, Nevada et Arizona soit un corps électoral de 77 délégués et un vote populaire effectif de 24 millions d’électeurs soit 18% des 133 millions de votants.

    L’élection dépend donc essentiellement de ces 6 états où 24 millions d’électeurs vont choisir 77 délégués.
    Parmi eux les 20% d’indécis soit 4,8 millions peuvent décider de l’élection, selon qu’ils s’abstiennent ou non, votent pour le candidat libéral quand il y en a un, ou penchent pour l’un des deux principaux candidats selon son charisme ou les éléments particuliers de son programme.

    En résumé, c’est par 4,8 millions d’électeurs que le président des États-Unis est choisi.

    C’est donc ces électeurs (3,6% des votants) qu’il faut regarder pour tenter de déchiffrer l’origine du résultat : une élection de Trump incontestable (312 délégués soit 16% de plus que les 270 requis) et un suffrage populaire tout aussi élevé.

    Les candidats en lice.

    Les candidats des deux principaux partis sont choisis par une convention de leur parti qui couronne la campagne électorale des candidats pendant la période dite des Primaires.

    La tradition veut que le Président sortant s’il est candidat soit le seul candidat de son parti.
    En effet, lui opposer un rival c’est reconnaître un mauvais choix 4 ans avant ce que les partis n’arrivent pas à assumer.
    Ainsi Trump a été le candidat républicain pour sa réélection en 2020 et Biden, démocrate, pour sa réélection en 2024.

    Mais il peut y avoir d’autres candidats indépendants se présentant contre ces deux partis.

    La primaire des républicains a été dominée par Trump qui a finalement été élu par la Convention des républicains sans challenger.

    Pour les démocrates Robert Kennedy Jr se voyait candidat raisonnable pour reprendre le flambeau à la suite de Biden, mais sa candidature n’a pas été possible puisque Biden pensait devoir être candidat pour battre Trump à nouveau.

    Déterminé à jouer un rôle Kennedy décida par conséquent d’être candidat indépendant. Ce faisant, il pouvait être faiseur de roi en obtenant suffisamment de délégués dans les 6 états qui comptent pour faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

    A mi-parcours de la période des primaires les démocrates ont eu des doutes sur la capacité de leur candidat (Biden) a remporter cette élection et ils l’ont forcé à déclarer forfait.
    Il fallait donc trouver de toute urgence un remplaçant mais qui ?
    A Kennedy ils ont préféré K.Harris qui semblait un meilleur cocktail (vice-présidente + jeune + noire + pugnace).

    Kennedy, déçu des démocrates, a finalement décidé qu’il pouvait mieux capitaliser sur son poids potentiel en abandonnant sa candidature d’indépendant au profit d’un ralliement à Trump.

    Finalement ce fut donc Trump contre Harris sans autre candidat qui compte.

    Les facteurs qui ont influencé les votes.

    Les caractéristiques classiques qui différencient les deux partis ne semblent pas peser lourd auprès des indécis, il faut donc regarder les points que chaque candidat aura jugé cruciaux pour recueillir leurs votes. 

    La campagne de Trump 

    Le fil directeur que semble avoir choisi Trump est simple : c’est le vote populiste qui ralliera le plus d’indécis, de frustrés et de mécontents, alors il faut parler au peuple en se mettant à son niveau.

    Les slogans correspondants :

    (1) Make America big again,
          Les américains d’abord, alors il faut taxer les importations pour réduire les impôts et améliorer le pouvoir d’achat des américains.
    (2) Rétablir les frontières : il est inutile de contrôler les entrées aux aéroports si la frontière avec le Mexique est une passoire, il faut finir le mur.

    (3) Supprimer l’écologie punitive.

    La campagne de Harris

    Quant à Harris, il semble qu’elle a retenu 3 axes principaux :

    (4) Je suis une femme, je veux les voix des femmes notamment pour l’IVG afin de la rétablir dans les états qui l’ont interdit et surtout la maintenir ailleurs.

    (5) Les républicains qui ne veulent pas Trump ne doivent pas s’abstenir.
         Aussi, pour ne pas les repousser je ne mets pas en avant le programme de mon parti et je n’aborde pas le bilan de Biden-Harris.

    (6) Je fais partie des minorités et je défends les minorités.

    Les choix de ceux qui votent et le résultat final

    Si on en croit le résultat de l’élection, les 4,8 millions d’américains qui font la différence ont plutôt réagi comme suit :

    (1) OUI ils veulent que leur économie soit plus égoïste, moins d’impôts, moins dépenses pour aider l’Europe (OTAN, Ukraine)

    (2) OUI s’il y a des frontières elles doivent être contrôlées et les immigrants illégaux ne sont pas les bienvenus pour prendre les emplois des américains.
         Contrairement aux hypothèses de K.Harris, les latinos qui votent ne veulent pas accorder aux immigrants illégaux les avantages
         qu’ils ont durement acquis pour devenir citoyens américains.

    (3) OUI, les ayatollahs de l’écologie sont rejetés par le petit peuple à qui on dicte trop de contraintes sans contreparties visibles à court terme.   
         Si l’essence à la pompe baisse tant pis pour l’écologie.

    (4) L’Amérique est divisée sur l’IVG : Beaucoup pensent qu’elle doit être maintenue mais les organisations religieuses qui sont influentes s’y opposent.
         En outre, les votants directement concernés sont les femmes jeunes qui ne pèsent pas assez pour faire basculer à elles seules le résultat.

    (5) NON ce choix réduit Harris à un vote contestataire qui ne donne pas le résultat escompté.
         Trop d’indécis admirent la gouaille de Trump, ignorent ses casseroles personnelles (économiques et judiciaires) mais rêvent de l’Amérique qu’il décrit.
         Alors pourquoi pencher pour le programme inconnu auquel Harris veut qu’ils rêvent ?

    (6) OUI mais ! Comme dit au sujet des latinos il faut que cela soit en ligne avec les américains d’abord ce que Harris ne dit pas.

     

    Voilà ! Il semble que les indécis se soient décidés et que Trump ait été élu démocratiquement. Les démocrates, respectueux du système mis en place, reconnaissent sa victoire et le Capitole n’est pas assailli par les déçus.

     

    COMPLÉMENT 

    Vos remarques m’amènent à préciser et compléter mon propos initial.

     D’abord le titre   ‘’TRUMP,   pense ATOUT ‘’

    Ce n’est pas mon jeu de mot favori et il n’est pas très bon !
    En anglais, dans le langage courant ‘trump’ veut dire tromper/décevoir
    Au bridge ‘trump’ désigne un ATOUT imbattable par une autre carte..
    Certes D.TRUMP a pu nous tromper et a dû décevoir ses opposants mais il a été battu en 2020

     

    Pourquoi n’ai-je pas parlé du wokisme ?

    J’avais initialement envisagé de traiter  "écologie punitive et wokisme"
    Cependant, comme j’avais choisi de limiter mon propos aux positions personnelles de chaque candidat, j’ai préféré faire l’impasse.
    En effet, comme le wokisme est clairement défendu par le parti démocrate et rejeté par les républicains, aucun des deux candidats ne donne un signal personnel qui le distinguerait de la doxa de son parti qu’il est sensé défendre.
    Il me semble que, depuis que le parti démocrate a délaissé les ouvriers pour développer son électorat dans les classes moyennes et supérieures, les jeux sont fait dans ce domaine et "le petit peuple" contrairement aux "élites" semble rejeter le wokisme avec le parti démocrate.,


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