• ISF : débattons dans les rues !

    Ils disent que l'ISF doit être rétabli sans quoi il n'y a pas de justice fiscale dans un pays où les riches sont chouchoutés pendant que les pauvres en bavent fiscalement.

    Ils disent que l'ISF rétablira la justice sociale en redistribuant là où il est utile l'excès d'argent des riches qui ne sert à rien et à personne.,

    Je ne suis pas assujetti à l'IFI actuel et mon patrimoine ne serait pas taxé si l'ISF était rétabli.

    Je fais néanmoins partie de cette minorité qui n'est pas exonérée de l'impôt sur le revenu et je ne me plaindrais pas si j'en payais un peu moins.

    Cela étant, contrairement à eux, je ne pense pas que l'ISF soit une bonne chose pour la France ou pour le fisc, ni pour ceux qui y sont favorables et ni pour moi.

    Je dis ici sur quoi je fonde cette opinion.

     

     

       

    Je ne leur en veut pas de croire que l'ISF pourrait améliorer les choses et rééquilibrer, même si ce n'est que symboliquement, le partage des richesses dans notre pays. Leur opinion qui se forge sur les réseaux sociaux où il se dit n'importe quoi, est maintenant confortée par un rapport stupide que viennent de publier les experts de Bercy et que commentent et approuvent en chœur nos éminents économistes, abondamment relayés par les journalistes, ces portes-paroles des âneries à la mode.

     

    Ils n'ont pas tort de croire que l'ISF pourrait améliorer les choses, ils ont seulement tort de croire que si Bercy, les économistes, les journalistes et les réseaux sociaux le disent cela doit être vrai.

    Pour être honnête, je dois reconnaître que Bercy ne dit pas que l'ISF améliorerait les choses mais ils disent que sont impact est négligeable, que ce n'est qu'une goutte d'eau dans la panoplie des impôts dont on nous arrose, et bien sûr ces affirmations sont stupides et mensongères.

     

    En fait Bercy veut peut-être sous-estimer l'impact négatif de cet impôt sur les finances publiques tandis que les réseaux sociaux ont tort de croire qu'il aurait un impact positif.

     

    Moi, ce n'est pas parce qu'on me dit qu'il fait beau, que je vais rester sous la pluie.

    Alors je développe ici pourquoi je ne suis pas d'accord avec Bercy et les autres qui disent n'importe quoi sur l'ISF et ses conséquences pour nous tous car l'ISF et l'exil fiscal qu'il suscite, coûtent cher à ceux qui paient des impôts comme à ceux qui bénéficient des prestations rendues possibles par l'impôt.

     

    Le fisc estime à 20 millions d'euros le coût de l'évasion fiscale de ceux qui quittent la France pour abriter leur patrimoine dans un pays fiscalement plus clément. Les économistes parlent donc d'une goutte d'eau comparée aux 4 milliards que rapporterait l'ISF, lui même étant insignifiant dans la masse des 400 milliards de la collecte fiscale toutes sources confondues.

    Selon ces experts, l'ISF ne représenterait donc que 1% de la collecte fiscale et l'exil fiscal qu'on lui attribue ne serait que 0,5% de cet impôt soit 0,005% de tous les impôts. Moins que rien !

     

    D'ailleurs, j'entends des économistes dire que les assujettis seraient eux-mêmes d'accords puisque ils seraient de moins en moins nombreux à partir pour échapper à cet impôt.

    Nul ne saurait nier que ce raisonnement tient la route car la preuve incontestable et irréfutable de sa validité sera évidente lorsque tous les assujettis seront partis alors, comme ces économistes, on se félicitera que plus aucun d'entre eux ne quittera la France pour échapper à cet impôt.

     

    Malheureusement la réalité est toute autre, quand les contribuables quittent la France pour échapper à l'ISF cela a un effet dévastateur sur les finances publiques et donc, par ricochet sur les impôts à la charge des classes moyennes et sur les prestations qui en découlent.

     

    En effet, si ceux qui partent ne payaient que l'ISF on pourrait leur dire "bon vent" et tourner la page mais ce n'est pas le cas. Ceux qui paient l'ISF ont un patrimoine, des revenus (le fisc dans son rapport cite 18.000 exilés avec un revenu supérieur à 100 000 € par an).

     

    Voyons donc ce qu'est réellement l'impact de leu départ sur les finances publiques.

    Comme je ne peux pas connaître précisément chaque cas, je fais ici des hypothèses sur le cas théorique d'un petit riche, cas d'exil fiscal qui paraît raisonnable :

         Patrimoine financier  3 000 000

         Résidence principale 1 750 000

         Résidence secondaire 450 000

         Revenu imposable 150 000

         Quotient familial 2

    Pour ce cas, l'IFI actuel est calculé sur le patrimoine immobilier comme suit :

    Résidence principale (bénéficiant d'une décote de 20%) 1 400 000

    Résidence secondaire 450 000

    Patrimoine imposé à l'IFI 1 850 000

    L'impôt sur la fortune immobilière est donc comme suit :

         Tranche à 0.00% 800 000 soit un impôt de              0

         Tranche à 0.50% 500 000 soit un impôt de        2 500

         Tranche à 0.70% 450 000 soit un impôt de        3 150

         Total de l'IFI sur ce patrimoine immobilier  5 650

     

    Comme on le voit cet impôt est dérisoire comparé à ce patrimoine, voyons ce qu'il serait si on rétablissait l'ISF.

    Dans ce cas on rajouterait les 3 millions de patrimoine financier à la base imposable ce qui donnerait l'impôt supplémentaire suivant :

         Tranche à 0.70% 820 000 de plus soit un impôt de        5 740

         Tranche à 1.00% 2 180 000 de plus soit un impôt de    21 800

    Il y aurait donc un supplément de 27 540 euros pour un ISF total de 33 190 euros.

     

    Voilà les chiffres sur lesquels se basent Bercy et les autres pour évaluer les conséquences de l'exil fiscal.

    Mais quand cette goutte d'eau navigue vers l'étranger elle entraîne avec elle un iceberg fiscal qui mérite d'être soupesé pour comprendre l'ampleur de la perte fiscale pour la France.

     

    Cet exilé ne paiera plus, année après année, l'impôt ci-dessus, perte sèche modeste pour les finances publiques dont on pourrait se moquer mais on doit y ajouter quelques impôts qui disparaissent en même temps et qui se cumulent pour finalement faire boule de neige :

    L'impôt sur le revenu de 150 000 euros avec 2 parts estimé aux alentours de            34 000 euros.

    La CSG sur les revenus soit 9,2% de 150 000 euros ou                                            12 000 euros.

    Les TVA sur les dépenses courantes de 80 000 euros soit environ                             13 000 euros.

    Les taxes foncières sur un patrimoine immobilier de 1 850 000 euros, disons             12 500 euros.

    Les taxes d'habitation sur les 2 résidences, certainement de l'ordre de                        7 500 euros.

    Soit pour cet exemple et avec un exit fiscal complet on doit ajouter                79 000 euros.

     

    En récapitulant, le petit riche de mon exemple, assujetti à l'IFI subit une charge fiscale annuelle (IFI plus les taxes ci-dessus) de 84 650 euros mais le rétablissement de l'ISF ajouterait 27 540 euros d'impôts ce qui porterait cette charge à 112 190 euros soit presque 80% de ses revenus annuels.

     

    Je rêve d'avoir ce patrimoine et ces revenus mais j'imagine facilement que, si c'était le cas, j'aurais du mal à accepter que presque 80% soit reversé à l'état pour ne me laisser que 37 810 euros après tous ces impôts.

     

    Alors quand un riche français pense que trop c'est trop et qu'il quitte la France pour ne pas payer le supplément d'impôts que représente l'ISF, évalué dans mon exemple à 27 540 euros, il nous prive des 84 650 euros de recettes fiscales annuelles dont il s'acquittait jusqu'ici.

     

    Mon exemple cite un des riches les moins riches, beaucoup d'autres riches, plus riches, s'ils ne sont pas encore partis, contribuent beaucoup plus.

    Ces chiffres nous montrent que leur contribution fiscale est importante beaucoup plus importante que dans mon exemple de petit riche. Aussi quand ils vont la verser ailleurs, c'est ceux qui restent qui doivent compenser le manque à gagner, que ce soit avec plus d'impôts directs pour les uns, plus d'impôts indirects pour tous, moins de services, moins de solidarité ou plus de dette pour les générations futures.

     

    Mais on nous dit que c'est rien, c'est à peine 4.000 départs chaque année et le chiffre est en baisse !

    Certes 4000 c'est peu mais c'est pas 4.000 c'est 4.000 de plus chaque année ! Et dès qu'on aura rétabli l'ISF ce sera beaucoup plus.

    Peu ou beaucoup ?

    Si on cumule on a bien plus de 100.000 exilés fiscaux qui auraient été redevable de l'ISF, alors sans tenir compte des autres exilés (dont ceux qui sont partis avant d'être assujettis et que Bercy ignore royalement) et si on estime modestement que la moyenne entre notre petit riche et les autres se situe au-delà de 100 000 euros de pertes fiscales annuelles, alors la perte fiscale totale pour la France dépasse les 10 milliards d'euros par an et ne peut qu'augmenter chaque année.

    Ce n'est pas rien ! Et si pour 100.000 riches cela aurait pu être supportable, réparti sur 10 millions de contribuables de la classe moyenne, ce manque à gagner de 10 milliards par an cela fait 1.000 euros chacun et ça ce n'est pas rien !

    Alors Bercy et les autres peuvent tenir tous les discours qu'ils veulent, moi je ne souhaite pas continuer à payer ces 1.000 euros par an aujourd'hui et encore plus demain juste parce que la doctrine à la mode c 'est d'inviter les riches à payer plus ou à partir.

    Puisque tous le monde devrait payer des impôts on ne devrait pas inciter ceux qui en paient le plus à ne plus en payer du tout.

     

    L'ISF a été supprimé et remplacé par l'IFI pour inciter les redevables à rester en France avec leur patrimoine.

    Mais les tenants de l'ISF disent que c'est un cadeau fait aux riches et sous leur pression une commission parlementaire va évaluer s'il s'agit effectivement d'un cadeau fait aux riches ou si, comme l'avait souhaité le gouvernement, c'est une mesure de sauvegarde du patrimoine qui, réinvesti France, va créer des emplois.

    Ils vont étudier mais moi je donne déjà la conclusion qui s'impose :

    L'argent qui devait partir à cause de l'ISF mais qui allait être réinvesti en France grâce à l'IFI,

    s'il n'est pas déjà parti, partira bientôt.

    En effet, nul n'est besoin d'être devin pour comprendre que ceux qui ont hésité à rester en France mais qui, séduits par la suppression de l'ISF, ont finalement décidé de rester, comprennent bien que c'était une grave erreur ! Il suffit d'avoir une oreille pour entendre tous ceux qui réclament le rétablissement de l'ISF et d'avoir un œil pour voir tous les panneaux haineux sur le même thème pour comprendre que la pression populaire peut faire reculer le gouvernement.

    Que le gouvernement cède ou non, le riche qui était prêt à partir a entendu que la question de l'ISF est légitime donc que les engagements du gouvernement ne valent rien. Alors pourquoi attendre que ce gouvernement ou le suivant capitule ? 

    Quand des riches français fichent le camp on a du mal à imaginer que de riches étrangers vont accourir s'installer en France avec leur patrimoine afin de payer l'ISF que nos compatriotes les plus riches ne veulent plus payer.

    Pourtant, faisant encore référence aux imbéciles qui parlent dans le poste, j'ai entendu dire que la France continue d'attirer les étrangers et pour ces imbéciles c'est la preuve que l'ISF n'est pas un repoussoir.

    Je ne crois pas que ces fins analystes savent de quoi ils parlent.

    Certes beaucoup d'étrangers trouvent en France un climat (je parle de la météo pas le climat social), un savoir-vivre, des prestations sociales et un système de santé, assez attractifs pour choisir d'y résider mais rien ne permet d'affirmer que les plus riches d'entre-eux y ramènent aussi leur patrimoine pour pouvoir enfin contribuer à notre ISF.

     

    Bref, on ne verra jamais une poignée de gilets jaunes manifester pour arrêter cette hémorragie fiscale que provoque notre très très cher ISF et c'est bien dommage pour eux et aussi pour moi !

     


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