• Grève SNCF, une mécanique imparable de la CGT

    Dans le match qui oppose le gouvernement  à la population qui soutient  les grévistes du rail (SNCF et RATP) on entend beaucoup d’observations, analyses et commentaires de journalistes, syndicalistes et élus qui veulent, chacun à sa manière et selon son propre agenda, nous prendre pour des imbéciles.

    Pourtant, lorsqu’on fait le tri dans ce fatras de déclarations on arrive parfois à des conclusions surprenantes qui interpellent sur le reste d’honnêteté dont on veut bien doter les beaux parleurs précités.

    D’abord on entend que la majorité des sondés (représentatifs de la population) continue de soutenir farouchement les grévistes. Pour cette majorité, les conséquences économiques seraient un moindre mal nécessaire.

    Certes, mais on oublie de souligner que la majorité des français ne contribue pas de manière équitable à l’économie du pays puisque selon le fisc 57% d’entre nous sont exonérés de l’impôt sur leur revenus.

    Ensuite, on entend que le gouvernement joue la montre car les grévistes ne sauraient continuer de subir de plein fouet la perte de salaire pour cette grève non rémunérée qui dure déjà depuis 33 jours.

    Et on admire le courage des gaulois de la SNCF et de la RATP qui continuent leur combat pour le bien de tous.

    Et si on s’interroge sur l’absence de solidarité des non grévistes on admire la générosité de certains qui contribuent aux cagnottes mises en place pour aider ces derniers gaulois.

    Tout ça parait sympa et noble et tout et tout mais je me suis dit que cela valait le coup de jeter un coup d’œil sur la réalité qui se cache dernière la façade et je livre ici ma découverte.

     

    Quand le gouvernement a enfin décidé que les fonctionnaires et les salariés de Etablissements Publics (SNCF et RATP notamment) ne seraient plus payés pendant les grèves, on était sûr que les revendications déraisonnables seraient freinées par la logique économique. Or aujourd’hui il semble que cette logique économique soit mise à l’épreuve des faits : les grévistes de la SNCF et de la RATP se disent prêts à poursuivre aussi longtemps que nécessaire et cela en dépit des conséquences économiques sévères pour leurs familles.

    Comment est-ce possible ?

    C’est possible parce que les syndicats ont trouvé une parade qui atténue considérablement l’impact économique des grèves sans en réduire l’efficacité. Comment font-ils ? Prenons l’exemple de la SNCF pour décortiquer le mécanisme mis en place (une analyse identique s’applique à la RATP).

    Les statistiques sont étonnantes : si la moitié des conducteurs sont en grève pourquoi les autres catégories du personnel ne sont pas solidaires et en grèves elles aussi ?

    Voyons les chiffres …

     

     

     

     

     

     

     

     

    PERSONNEL SALARIÉ A LA SNCF

       

     

     

     

    Total (source SNCF 2018) 

     

    152 968

     

     

     

    dont conducteurs(*)

    14.0%

    21 416

     

     

     

    autres que conducteurs

    86.0%

    131 552

     

     

     

         

     

     

     

    GRÉVISTES (dernière donnée SNCF)

       

     

     

     

    Total

    9.6%

    14 685

     

     

     

    dont conducteurs

    42.1%

    9 016

     

     

     

    autres que conducteurs

    4.3%

    5 669

     

     

     

         

     

     

     

    SYNDIQUÉS (étude de 2013 publiée par Libération)

       

     

     

     

    Total

    34.0%

    52 009

     

     

     

    dont NON GRÉVISTES (% des syndiqués) 

    71.8%

    37 324

     

     

     

    dont grévistes (% des syndiqués)

    28.2%

    14 685

     

     

     

    dont conducteurs (% des grévistes) (**)

    73.7%

    10 819

     

     

     

    dont autres que conducteurs (% des grévistes)

    26.3%

    3 866

     

     

     

     

     

     

     

    (*)  ESTIMATION DU NOMBRE DE CONDUCTEURS

    N’ayant pas réussi à trouver le nombre de conducteurs, j’ai du procéder à une estimation pifométrique.

    La SNCF déclare gérer 3 966 trains (476 TGV, 1872 diesels et 1618 électriques.      

    D’abord je note que si le nombre de trains roulants, hors maintenance, atteint le chiffre record de 90% il faut des conducteurs pour les 3 569 trains roulants.

    On sait que pour opérer une machine 24h/24, compte tenu des congés, maladies, etc. il faut 5 opérateurs pour chaque machine mais les trains ne roulant pas tous la nuit (notamment les trains régionaux qui ne circulent que de 6 heures à minuit) le nombre de conducteurs nécessaires dans le cadre d'une gestion optimale est inférieur à 5. Cependant, la distribution géographique du personnel roulant crée des contraintes qui ne permettent pas une gestion optimale.

    En conséquence, le nombre optimal de conducteurs par train roulant, inférieur à 5, ne peut être retenu. Le nombre de 6, certainement largement surestimé, est donc retenu ici.

    Il y aurait donc en moyenne 6 conducteurs pour chacun des 3 569 trains roulants soit un total de 21 416 conducteurs.

    (**) Estimation des conducteurs syndiqués supérieure à celle des syndiqués dans les autres métiers

     

    Ces chiffres montrent que les syndicats ont divisés leurs adhérents en 2 catégories :

    ·        Les conducteurs grévistes qui sont le grain de sable qui bloque toute la machine SNCF et qui supportent tout le poids économique de leur grève.

    ·      Les autres catégories de syndiqués qui ne font pas grève et qui vont tous les jours au boulot travailler un peu ou faire des mots croisés ou lire le journal puisque l’activité de la SNCF est paralysée.

    Ainsi au-lieu d’être tous en grève comme par le passé quand les grèves étaient payées, les syndiqués peuvent être aussi efficace en limitant la grève aux secteurs clés (le grain de sable) et en faisant jouer la solidarité des non–grévistes qui perçoivent l’intégralité de leur salaire et peuvent ainsi participer au soutient financier des grévistes.

    Si les 37 324 syndiqués non grévistes partagent leurs salaires avec les 14 685 grévistes cela permet de maintenir une moyenne de 71,8% des salaires à tous, grévistes ou pas.

     

    Conclusion : de ce fait la SNCF continue de payer ses grévistes pendant leurs grèves et presqu'autant qu’avant  

     

    Les usagers le verront tôt ou tard dans le prix des billets de train et les autres le verront aussi  dans leurs impôts. Mais rassurez-vous, si vous êtes parmi les 57% qui ne paient pas d’impôt et que vous ne prenez pas les transports en commun pour aller bosser, vous pouvez continuer à soutenir la grève.


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